CARNET 6
Carnet 5 carnet 6 CARNET 7


Pourquoi les artistes, ( et pas mon père, dit la danseuse ) s'enthousiasment-ils, et parfois avec exagération, devant la beauté de la Nature ? Parce qu'ils sont créateurs, ma p'tite dame, et que cette disposition les conduit à se demander comment ils s'y seraient pris eux-mêmes s'ils avaient eu à inventer le lion, par exemple, ou la mésange, ou la simple renoncule des prés ( bouton d'or ). Leur incapacité évidente d'égaler les pouvoirs du Créateur Suprême s'accompagne d'une reconnaissance objective, technique, et non sentimentalo-dégoulino-puérile, comme certains suppôts de Satan font semblant de le croire, de l'oeuvre en question.

haut de la page
bas de la page

Si vous vous demandez par quel mystère quelque chose qui ressemble à un vrai talent se trouve exposé ici comme en manque de reconnaissance, et que cette étrangeté vous fait douter implicitement de votre jugement, c'est que vous êtes encore habitué à une société dans laquelle d'occultes intermédiaires tout-puissants, (rarement désintéressés), choisissaient pour vous.
Grâce à l'internet vous pouvez décider personnellement, retrouver le rôle critique que le public d'aujourd'hui a sensiblement perdu.
Profitez-en !

haut de la page
bas de la page

Eloge de la morale


Notre société est inhumaine, épouvantable. Cependant la plupart de ses membres, considérés isolément, sont loin de lui ressembler. Par contraste, ils apparaissent même souvent, quand il ne s'agit pas des victimes absolues, qui sont toujours répugnantes, atrocement -( par victime il faut bien sûr entendre ceux qui finissent par adopter la plupart des valeurs qui ont cours, qu'elles soient de haine, de méchanceté (violence, dérision, etc...) ou de soumission, de faiblesse)- comme paradoxalement intacts, exceptionnellement brillants. Il suffit en fait de circonstances favorables et d'avoir un vrai contact.
Mais le péché aujourd'hui, dans cette société toute-puissante, organisée à tous les niveaux, bardée de lois, de règlements, ne permettant aucune échappatoire à l'individu, n'est pas d'être méchant mais tout simplement indifférent, passif. Je ne parle pas de charité matérielle. Je parle d'un militantisme moral, je parle de faire le bien en refusant le mal, de propager des idées, d'entrer dans les rangs spirituels de ceux qui en ne souscrivant pas aveuglément au statu quo, se donnent la faculté de juger et de créer.
Bon sang ! Il n'y a pas que la société ! Il n'y a pas que le règne humain, c'est-à-dire pour chacun d'entre nous une histoire personnelle commencée à la naissance, quelque part, avec l'élaboration de la langue, et la construction d'un moi ridicule composé de toutes les prescriptions d'abord de l'entourage immédiat puis du reste de la communauté. Il y a une part sauvage, naturelle, engagée dans un dialogue sans réponse avec l'inconnu, ( que j'appelle Dieu ). Il y a les aspirations de l'âme ! Quitter cette enveloppe, aller ailleurs ! Etablir sur la terre un monde qui ne nie pas ces aspirations ! Oui, il peut s'agir encore de religion quoique l'Histoire puisse avoir démontré les inconvénients rédhibitoires de ces pratiques. Mais notre société laïque, athée, n'impose pas que nous le soyons nous-mêmes ! Nous avons le droit de croire à l'amour, païen ou sacré ( c'est la même chose )! Nous avons le droit d'établir avec autrui des relations qui ne soient pas toutes d'intérêt économique. Et de fomenter la résistance. Et surtout de ne pas voir dans les lois abstraites mais dans le devoir personnel le moyen d'établir la paix et la justice.

haut de la page
bas de la page

Le raisonnement très simple qui m'animait à deux ans, lorsque ma mère m'imposa pour la première fois son arbitraire, reste, il me semble, toujours valable : je ne suis pas mauvais, pourquoi devrais-je supporter l'autorité d'autrui ? C'est ce jour-là que s'instaura ma passion libertaire. Tuez-moi, je n'en démordrai jamais !

haut de la page
bas de la page

Dans ce pays ( la France ), on parle d'hommes et de femmes, de manière si naïve, si puérile. Mais the fate, le destin, le drame, la fatalité d'être, tel homme ou telle femme, le poids, le fardeau, la grandeur, ça leur échappe. Les Atrides, cela n'a aucun sens. La fatalité d'être untel, unetelle, ils n'y comprennent rien. C'est affligeant. Un paysan crétois a une vue plus large de la vie.

haut de la page
bas de la page

La seule chose qui donne vraiment un sens à ce simulacre de vie qui est le nôtre dans les conditions de civilisation que nous avons créées (métro, boulot, dodo) c'est de faire l'amour, c'est le sexe.
Quoi d'autre nous rattache aux étoiles, à l'illimité, à notre grandeur, sinon cet acte qui nous débarrasse de l'ego, de notre carte d'identité, et, dans la petite mort, nous propulse là-haut, dans les espaces infinis éternellement silencieux, pour nous permettre de renaître ensuite miraculeusement régénérés ?
A bien y réfléchir tout ce qui nous élève est ce qui ressortit en nous de la Nature, on a envie de dire de l'animal. Conjugué bien sûr, opposé même, à l'intellect.
La poésie, par exemple, qui n'est rien d'autre, dans le langage organisé, logique, que l'irruption de la liberté, de ce qui pourrait sembler folie à la raison cartésienne, comme de dire à l'être aimé, (E.E.Cummings) :
« Ton front est un envol de fleurs » !
N'y a-t-il pas là quelque chose qui ressemble à un orgasme -je ne me trompe pas ?- dans cette expression qui produit du sens -un sens réel, conforme à la vérité, immédiatement reconnu- à partir d'éléments en apparence inconciliables, inappropriés. Comme de la chair vulgaire et du désir, l'étincelle improbable, merveilleuse. Heureuse Nature, notre berceau, que nous n'avons de cesse pourtant d'abandonner, de détruire.

haut de la page
bas de la page

Ainsi tu m'aimes, misérable créature, pauvre innocente, femme exquise dont la beauté ne signifie aucun talent ni supériorité ! J'agrée ton amour pour la première fois sans t'en vouloir de ta faiblesse, de ta conformité avec moi ! Je ne suis pas un dieu et toi non plus, tant pis pour moi. Mais je suis fatigué de souffrir, non par ta faute, comme je le croyais, mais à cause de mes exigences irréalistes ! Marchons de notre pas résigné de victimes expiatoires, enfants d'Adam et Eve poursuivis par la Malédiction.

haut de la page
bas de la page

Combien de femmes ont compris que si les hommes les traitent parfois si mal ce n'est pas parce qu'ils les voient telles qu'elles croient être elles-même: « monceau d'entrailles », mais au contraire des déesses, pire des dieux, des dieux bons, capables d'exaucer tous leurs rêves ?! Enfin, je parle pour moi !

haut de la page
bas de la page

Il est bien évident que nous devons détruire la Nature pour continuer à régner sur le monde. Le vol d'un oiseau nous accable parce qu'il inscrit dans l'espace une volonté qui n'est pas la nôtre mais celle de Dieu.
Celle-ci nous impose de lutter sans relâche à notre salut et non pas de nous vautrer dans la bauge de nos erreurs. Inadmissible !
Je suis d'avis de tout détruire : forêts, cours d'eau, océans. De tout bétonner, de tout recouvrir. Qu'il n'y ait plus le moindre insecte, la moindre bactérie, vivant sous le soleil selon une loi qui n'est pas humaine ! Qu'aucun corpuscule, vibrion, ou molécule, invisible à l'oeil nu, ne frétille sur un chemin sinueux qui n'a pas été dessiné par nous ! Ne copule sans remords pour engendrer une existence imperméable à nos raisonnements, nos arguments ! Sauvage, insolente ! Comme le chat, par exemple, que rien ne fait dévier de sa noblesse, de sa majesté. Imperturbable face à moi, son supérieur ! Qui me regarde sans s'incliner du haut de son armoire, sur son perchoir, et que je hais !

haut de la page
bas de la page

Si la capacité à invoquer le Ciel existe spontanément, comme elle se révéla chez moi âgé à peine de quelques mois, en quoi la véracité de l'existence de Celui-ci constitue-t-elle un problème ? Nous ne voulons pas tuer l'homme au nom d'une hypothétique réalité objective, do we ?
Evidemment le concept d'une nature humaine fondamentale aux limites imprécises ne satisfait pas les esprits «scientifiques», mais il faudra bien qu'ils se fassent un jour une raison et cessent de prendre leurs désirs pour la réalité.
J'ai écrit cela il y a environ trente-cinq ans mais j'ai envie de me répéter : «S'il n'y avait en nous que de l'humain, le diable aurait fort à faire. Il nous atteint dans tout ce qui nous dépasse».

haut de la page
bas de la page

Il y a ce dont nos sens nous rendent compte et puis encore autre chose.
Il y a ce que je vois, que je touche, que je sens, que j'entends, défini, périssable, toi, par exemple, et puis, derrière, la Vérité éternelle, en laquelle ce que tu es, soluble, dénué d'importance, peut se résoudre. Et bien je voudrais que toi et moi dansions dans cette réalité-là, insouciants, réconciliés.

haut de la page
bas de la page

Rouge, celui des terres australiennes, de la latérite africaine et des boues ruisselantes du Brésil
Bleu sombre, triomphal du ciel, bleu saturé, absorbant toute ombre...

haut de la page
bas de la page

Plutôt que de renoncer à la culpabilité nous tournons la page. Il est plus facile d'oublier qu'on croit avoir tort que de se souvenir qu'on a raison. Nous jetons le bébé que nous étions, oui ça, sans hésiter, pour continuer à nous ébattre joyeusement dans l'eau sale du bain.

haut de la page
bas de la page

Mon père avait une façon de me dire : « ta mère...», comme si celle-ci eût été une tare que je traînais avec moi, un péché, une erreur, un appendice abominable. De sorte que si la relation entre lui et moi avait dû être parfaite ç'eût été sans elle.
Il me confia aussi un jour paisiblement qu'elle était folle, au sens propre du mot, soignée qu'elle était alors à son insu ( pour dépression ) selon un arrangement conclu entre lui et le médecin, puis, m'ayant ainsi ôté l'innocence, ( et l'insouciance... ), il m'envoya trois jours après en vacances avec les voisins avec pour mission de m'amuser !

haut de la page
bas de la page

Nos lois, les lois humaines, ne sont faites en général que pour composer avec le Mal, non pour le vaincre.
Il se joue, sur cette planète, un drame exclusif entre les hommes et le Diable, jamais entre le Diable et Dieu, comme nous l'imaginons désespérément, affrontement dont nous ne voudrions être que les spectateurs. Que nous l'acceptions ou pas, que nous l'ignorions ou pas, que nous luttions ou pas, ici-bas, avec Satan, rayonne, très au-dessus et souveraine, la gloire absolue de Dieu.
( Bien entendu, ce sont ceux qui ne luttent pas qui sont dans le vrai.)

haut de la page
bas de la page

Il n'y a qu'une chose qui m'intéresse ici-bas : la Beauté.

haut de la page
bas de la page

... Jean X.. nous décrit maintenant un des aspects de sa vie de « débauché précoce », pour employer les termes de l'éditeur qui refusa le premier de publier « Victime » :
-« Chaque rencontre prenait la valeur d'un événement qui retentissait dans le reste de ma vie, par ailleurs insipide. Je ne veux pas dire exactement que ces moments constituaient l'unique pôle, mais ils ranimaient la tension sans laquelle ma vie de tous les jours m'eût paru quelconque.»

haut de la page
bas de la page

...Je vole avec chaque oiseau.

haut de la page
bas de la page

La seule « chose » que j'ai jamais aimée sur terre c'est Dieu.

haut de la page
bas de la page

Je cherche des gens intelligents, c'est-à-dire des gens qui comprennent qu'on n'ait pas forcément des idées très claires sur ce qui est « normal » et ce qui ne l'est pas. En matière de sexe bien entendu.

haut de la page
bas de la page

Mon ami Einstein ( je dis cela parce que, moi aussi, je ne porte pas de chaussettes ), un poète celui-là, un vrai de vrai, véridique et dangereux.

haut de la page
bas de la page

Je ne suis vraiment pas en mesure de donner des leçons aux autres, crois-moi, oui vraiment, mon humilité est immense à cet égard, ce qui n'a rien que d'honorable il me semble, et pourtant je sens, et je sais aussi par expérience, car tu n'es malheureusement pas la première, évidemment, que pour abolir la frontière qui nous sépare, franchir le pas, entrer dans ton lit, serrer contre moi ton corps, ouvrir ton sexe, puis jouir avec toi, ce que je désire plus que tout au monde, d'un désir lancinant, douloureux, et sacré, il faut d'abord que je me montre persuasif, dominateur, presque abusif, un donneur d'ordres, de leçons, oui, comme s'il fallait se montrer au moins capable d'abord d'accomplir de force psychologiquement ce que tu te refuses par ailleurs à accepter gentiment à l'étage inférieur.
C'est comme si tu me disais :« Enfin Monsieur, je ne suis pas celle que vous croyez ! Fi donc, quel cochon ! Et d'abord je ne prends pas au-dessous de vingt centimètres ! La vôtre mesure combien ? »

haut de la page
bas de la page

Celui qui ne peut pas voir la beauté de l'accouplement humain
Poème de chair...

haut de la page
bas de la page

Ce n'est pas moi qui nie être un génie, c'est Jenny.

haut de la page
bas de la page

La société humaine est comprise dans la Nature. Certains d'entre nous se figurent qu'il n'y a rien au-delà des remparts de la cité. Nos lois leur paraissent un absolu. Mais tout ce que nous créons, tout ce qui nous appartient, fait partie de quelque chose, d'un monde plus grand, nos lois dépendent de lois plus grandes, et ne valent qu'en conformité avec une volonté qui n'est pas la nôtre.

haut de la page
bas de la page

Oui, moi, homme réfléchi, responsable, créé peut-être, comme certains le disent, à la ressemblance de Dieu, en tout cas riche d'immenses aspirations spirituelles, je sais reconnaître une vie animale semblable à la mienne, même une minuscule vie inquiète et candide, comme celle d'un moineau, ( je les observe souvent, ils vont et viennent à trois ou quatre ou en bande plus nombreuse, petites flammes vaillantes battues par le vent ) en laquelle je m'identifie avec gratitude, et que j'aime émerveillé.
Il n'y a qu'une seule vie, la vie du caillou, de la graine, du poisson, de l'oiseau, la vie du cheval, la vie de l'homme, une seule vie, une seule pensée, aux formes multiples.

haut de la page
bas de la page

L'ego se construit sur des croyances, des idées, variables, changeantes.

haut de la page
bas de la page

Les «p'tites gens» ça n'existe pas réellement. Tous ceux qu'on appelle comme ça, «les humbles, la racaille, le populo», ne sont que des handicapés psychologiques, abîmés dès l'enfance par leur éducation, la transmission des complexes, des incompétences, la peur, la culpabilité ET la misère. (Les bourgeois, eux, ne sont indemnes que de cette dernière.)
Ce que serait une humanité réalisée, épanouie, nous ne pouvons pas nous le représenter, car jusqu'à présent les plus grandes personnalités, nos meilleurs représentants, n'ont existé que dans le contexte d'échec général, de ratage collectif, de médiocrité universelle. (Sauf Bouddha).

haut de la page
bas de la page

In petto : Le dragon c'est la créature fantasmagorique qui n'existe pas, que nous avons créé nous-mêmes et qui retient l'âme prisonnière.
Est-ce que quelqu'un qui penserait vraiment avoir eu «une jeunesse à écrire sur des feuilles d'or» oserait le dire ? N'est-ce pas, somme toute, le cas de tout le monde, arrivé à un certain âge ?
L'intellect c'est cette saloperie qui ne connaît aucune limite, aucun tabou et qui est capable, sous prétexte de raison, de commettre les pires transgressions, les pires folies !

haut de la page
bas de la page

Si je dois crever un jour, ou plutôt puisque je dois crever, j'aimerais bien que l'on sache quelles aventures j'ai vécue, quelle vie extraordinaire j'ai menée, quelles extrémités j'ai rencontrées, quels dangers, sous les dehors les plus anonymes, au milieu de tous, dans l'espoir qu'on arrête à l'avenir, si c'est possible, de minimiser les différences individuelles, qu'on prête à chacun l'attention et le respect qu'il mérite.

haut de la page
bas de la page

Je n'avais pas compris que tu es la tenante du titre, la championne de la loi, la parangonne des vertus, la fille de la maison, le saint esprit de la famille. Je n'ai vu que le bébé tendre et confiant, la reine des pommes, la victime expiatoire. Ta candeur, ta limpidité m'ont abusé. Oui, pour être une victime -et le rester- il faut, quelque part, trouver sa récompense, sa satisfaction. Chez toi, naturellement, il s'agit de la conviction d'être la cheville ouvrière de la cohésion familiale, la clef de voûte indispensable, la condition sine qua non de la pérennité du miracle du clan !

haut de la page
bas de la page

Il est humain malheureusement de vouloir ériger en règle générale, sociale bientôt, ce qui n'est, chez un individu, qu'un recours névrotique, une échappatoire contre telle ou telle immaturité psychologique. C'est ainsi que je m'explique que des peuples entiers, des cultures, se fondent sur des penchants, des faiblesses, contre lesquelles il me paraît juste et indispensable de lutter. La mainmise, l'emprise morale de la famille sur ses membres, me paraît une de ces horreurs dont nous avons orné l'univers au grand désespoir des étoiles.

haut de la page
bas de la page




Carnet 5 carnet 6 CARNET 7

[Accueil] [Des Chats] [Adorations] [Le Cavalier de l'Hippocampe]