CARNET 5
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« C'est un tas d' boue et une salope ! » Tas de boue, nous le sommes tous. Il n'est pas inutile parfois de le rappeler. Mais salope : quelqu'un qui aime à fausser les rouages, vicier ce qui l'entoure, foutre (private joke) le bordel dans la zizanie !

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Le sexe -mystère sacré- n'est pas une action esthétique ni un culte rendu à une déesse ou un dieu partenaire. Il n'est pas astreinte solitaire ni componction dédiée. (...) Il ne peut, il me semble, en réponse au plus tellurique instinct, que viser l'efficacité optimum - trivial ou tout comme, vrai, sans masque. Quant à l'amour, rien, sinon, eu égard à tous nos dérèglements, permission des fantaisies indispensables.

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Je songeai l'autre jour à ce que peut avoir de difficile le message du Christ adressé aux hommes que nous sommes pour la plupart, car, ce qui est fondamental en premier lieu, à savoir que Dieu n'est pas sur la terre, en est pratiquement inacceptable.

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Tu es morte maintenant depuis combien ? quatre ans, cinq ans ? tu sais que je n'ai jamais eu la notion du temps ... tu m'en avais fait rudement baver, les deux dernières années, tu t'en souviens ? et puis la séparation, mon espoir constant de te retrouver, et ta mort brutale qui mit fin à tout.

Pour moi ça n'était toujours pas fini. Et d'ailleurs, dernièrement, je suis sorti avec une fille comme si c'eût été avec toi et que j'aie eu enfin l'occasion de te prouver que j'avais changé, que j'étais devenu parfait ! Inouï ! La pauvre. J'espère qu'elle n'aura pas trop souffert, car dès que j'ai eu compris j'ai cessé la relation. Heureusement il ne s'était encore rien passé.

La question que je me pose est : est-ce que je pourrai un jour revivre avec quelqu'un ? Je n'arrive pas à m'expliquer une pareille fidélité. Les années passent, ta place est toujours vacante, personne ne paraît apte à te remplacer.

Quand je pense à tout le mal que tu m'as fait et que je ne parviens pas à effacer... est-ce cela qui m'attache toujours à toi ? Probablement, ainsi qu'une certaine idée de moi-même qui n'est pas conforme à la vérité.

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Je n'aime pas le côté grégaire des humains. Pire même je le hais ! Toute la tendresse que m'inspire par ailleurs la nature humaine s'efface dès que j'aperçois, que je sens, car je la flaire de loin cette inclination, qui est vraiment, à mes yeux, une perte d'équilibre, à s'agglomérer, s'agglutiner, se réconforter en s'absorbant, s'anéantir, dans la famille, l'école, le club, le clan, la tribu, la secte, le groupe, l'ethnie, jusqu'à ( ô horreur ! ) la race.
( Et quand la collectivité condamne la secte, c'est un comble, autre histoire...).

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Supposons que vous soyez dans une espèce d'engin hyper-rapide, façon Black Rock Desert-record du monde de vitesse, et que vous fonciez droit dans le mur. Vous n'avez d'autre solution que de déclencher le siège éjectable et bientôt vous allez vous retrouver dans les airs, au milieu d'une explosion, avant de flotter sous un parachute.
C'est exactement ce qui m'est arrivé autrefois, dans mon enfance, et j'attends toujours, balancé mollement, mais plus pour longtemps, j'espère, d'atterrir.

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De la nature des accidents.
« Cela aurait pu arriver à tout le monde », on sait bien que c'est faux. Mais le contraire : « cela ne pouvait arriver qu'à moi » l'est aussi. La vérité, comme toujours, se situe entre les deux. « Je n'étais pas capable de l'éviter, mais je ne le souhaitais pas pour autant ».

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Odeur du chat : pain frais, tulipe écrasée, miel, cuir, cassis, huile d'olive, pollen.

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Pour moi -peut-être à tort- l'élégance dans la poésie, la littérature, consiste à braquer le projecteur sur le plus ordinaire de manière à laisser dans l'ombre le plus important, le plus audacieux.
Si j'ai écrit, par exemple : « le platane est l'arbre de mon enfance... » en mettant banalement, c'est vrai, l'emphase sur le souvenir et la mémoire, c'était surtout pour rebâtir les palais partout anéantis, et faire émerger des troncs les éléphants y effacés.
Avec le concours présumé du lecteur fraternel.
Enfin, jouer au con n'est-il pas le plus délicieux pour l'intelligence ?

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Qu'y a-t-il de plus beau que le combat d'athlètes, l'affrontement de héros ( dans la nudité héroïque chère aux Grecs ), entre l'homme et la femme amoureux l'un de l'autre, appétits insatiables, lutte éternelle, cosmique.
Comme tu es belle dans ta force ! Je t'aime puissante, volontaire, comme ta soeur colossale modelée par Maillol !
Tes cheveux dénoués flottent sur tes épaules, ta peau exsude et brille, tu établis loyalement ton emprise, comme une planète...

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« Enfin, jouer au con n'est-il pas le plus délicieux pour l'intelligence ?» :
Lorsque des cons essaient de vous convaincre du bien-fondé de leur morale con, de leur philosophie con, de leur façon de vivre con, comme ils essaient tous de le faire habituellement à mots couverts, à mots entendus, quel plus grand bonheur que de demeurer sourd aux allusions, insensible aux appels, bref de jouer au con et de les battre sur leur propre terrain ?
Existe-t-il de toute façon un autre solution ?

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Il va falloir que je réfléchisse à l'utilité de demeurer dans un système où l'individu n'est rien, à peine un pion sur un échiquier qui n'est lui-même que du vide...

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Il ne peut pas ne pas exister un optimum véritable de la personnalité humaine, à moins que ceux qui ont parlé, tout au long des siècles, dans tant de cultures différentes, de réalisation de soi, d'accomplissement, de salut de l'âme, de liberté intérieure, de satori, d'illumination, de révélation, d'individuation, de connaissance de soi, etc… ne se soient également trompés.
Au quotidien, malgré cela, c'est l'inverse qui est établi. La médiocrité semble tout ce à quoi nous pouvons prétendre. « On est comme on est » et « l'erreur est humaine ». Toute espérance de croire en une aspiration ascendante se heurte à ce que nous appelons en France la raison, voire le bon sens ( grâce à quoi probablement nous sommes les champions de la consommation de tranquillisants ).
Je hais Descartes.

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Il y a les montagnes éternelles et les tombes des morts.
Il y a les splendeurs de l'aube et du couchant et la peine infinie que me cause le destin des hommes.

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J'éprouve le besoin absolu d'éprouver l'illusion, de temps en temps, que le monde bas et abominable des hommes n'existe pas du tout à la surface du globe.
J'obtiens ceci en m'éloignant de la ville, à la campagne, partout où sont absents les signes de notre domination sur la vie, et la vertu qui est dans la nature, l'unique Vertu -la impeccable- qui n'exclut, bien sûr, ni la violence ni la férocité, me console alors de tous les chagrins.

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La superstition vient de la peur, et la peur vient des mauvais traitement subis dans l'enfance.
Imaginer une humanité primitive naturellement superstitieuse revient à consacrer les incompétences (indifférence, bêtise, méchanceté) parentales.

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J'appelle vertu la droiture qui est dans la nature. Il n'y a pas des vertus mais une seule. Ca, je l'ai compris en contemplant la nature. Dans la vie végétale, et animale, se voit la même rectitude, la même dignité. Pas de lâcheté, pas d'échappatoire. Chaque vie se suffit à elle-même, chaque destin s'accomplit.
Il me semble comprendre que cette Unique Vertu ( qui mérite bien une majuscule ) n'est que l' obéissance constante du vivant à une loi supérieure constante ( Dieu ? ).
Que nous, humains, la transgressions constamment n'est pas à prouver puisque nous nous sommes même inventés les ancêtres responsables : Adam et Eve.
Cependant la religion, ici, fait état ensuite d'un rachat qui remet en question la fatalité.

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Nous ne pouvons vaincre la nature qu'en nous suicidant.
La vaincre, la dominer, c'est la même chose; la nature, c'est nous : nous sommes faits de TERRE !
Tout ce qui pourrait paraître à un adulte rassis et cartésien ( je hais Descartes ! ) pure folie, comme ce que j'éprouvais, enfant, dans la contemplation amoureuse des étoiles, n'est que l'expression de la vérité biologique, car nous ne sommes que des composés d' éléments stellaires doués de conscience qui appelons « poètes » sans les comprendre ceux qui n'ont pas coupé les ponts avec la réalité.
J'aime l'herbe, la terre, l'eau, les insectes, comme moi-même, comme ma propre chair.

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Il y a deux façons de considérer les contenus archétypiques de l'inconscient :
1) comme le dépôt des anciennes cultures, avec ce que cela peut présenter d'extraordinaire et d'effrayant, comme d'avoir, chat, une casserole attachée à la queue;
2) comme une disposition individuelle, native, le pouvoir de l'esprit à tout détenir, tout recréer, effaçant du coup la réalité «objective» dans la révélation du face-à-face solitaire entre Soi et Dieu;
la seconde option étant, bien entendu, la juste, celle défendue, entre autres, par Alan Watts, puisqu' il m'en souvient.

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Dieu est un arbre peuplé de chats.

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Il ne faut pas confondre l' «attachement» et l'amour. C'est ce que nous répètent les religions.
Par exemple, je peux dire que j'avais -enfant- un «attachement» pour les lieux où je vivais, la cour étroite devant ma fenêtre, le mur immense et noir où nichaient quelques hirondelles et qui bornait ma vision, «attachement» tel qu'il me faut avouer qu'à cause de lui, je crois au secours moral de la matière inerte.
Mais cet attachement était en fait tout simplement de l'amour, un sentiment, une affection, qui s'adressait avec force à tout ce qui, contrairement au reste, se laissait adorer par moi.

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Dans un monde où la majorité d'entre nous n'est pas à même de dire pourquoi elle est venue au monde, la souffrance des artistes consiste peut-être moins à souffrir de l'être, d'être ce qu'ils sont, qu'à ne pas être compris tout simplement sur le principe de la vocation.

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L'intellect est un merveilleux outil qui tient surtout du scalpel. Les contradictions de la vérité ne paraissent exister que pour lui permettre d'exercer sa fonction mutilante.
Ce qui défie la raison cartésienne n'en doit pas moins exister -irréductible- car cette « philosophie » n'a été bricolée que pour promouvoir l'intellect au rang de puissance suprême dictatoriale.

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Nos campagnes millénaires avec leurs patients trésors d'art et de culture, humblement et courageusement créés, conservés, les chemins, les ponts de pierre, les églises, se dressent tout-à-coup devant moi par la magie d'une simple odeur d'herbe coupée…

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Toutes les choses belles, les choses impossibles, auxquelles nous ne croyons pas, existent.

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Les idoles à trompe (oui, Ganesh, qu'évoque Baudelaire)
et tous les dieux du panthéon hindou : Brahma, Vishnu, Shiva, Kali la maléfique,
la Danseuse aussi, Celle qui a six bras, les dieux à bec, les dieux sans yeux, les dieux des souterrains,
tous les monstres, les nains griffus, les géants armés de tentacules,
ceux qui habitent les trous, les flaques, les cloaques,
insectes, vibrions, sangsues,
les goules, les incubes, les dieux noircis, puants, les immondes,
les plus hideux, les plus terrifiants,
ceux qui veulent du sang en échange, de la chair humaine,
les dieux aztèques sans pitié,
les dieux à couteaux, à dents, à garrots,
les dieux à baillons, les dieux de soufre, les dieux de poison,
je les invoque, je les appelle à la rescousse, sans vergogne, sans honte,
désespéré par Toi, dieu chrétien, désespéré, ô mon Dieu Unique et Absolu !

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Si je ne me trompe pas, l'ordre naturel a voulu un jour que naisse sans père biologique un enfant à qui nous nous référons depuis sous le nom de Christ.
Cette exception n'a rien que de plausible scientifiquement car l'ovule féminin contient indiscutablement le génome complet d'un individu potentiel et ce n'est pas un si grand miracle que son développement autonome dans un cas unique.
La religion chrétienne est la seule qui présente à la fois le Dieu le plus inaccessible et le plus proche des hommes, trop lointain et trop proche pour beaucoup d'entre nous.

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Bien sûr que le Mal existe ! Qu'alliez-vous imaginer, avec vos images d'Epinal, la poésie, l'enfance préservée, la blancheur, l'innocence ?
Nous naissons avec la connaissance du Bien et du Mal, héritée du péché originel, l'ego, l'intellect, et autres cadeaux du Diable.
Ouvrez les yeux ! Ne vous cachez pas la tête dans le sable !
Quelle stupide éducation j'ai reçue de ma mère qui n'osa jamais rien m'apprendre parce qu'elle craignait de me corrompre, me livrant ainsi sans défense à toutes les tentations.
Ah, si ! elle m'interdit toute fraternité comme dangereuse ! On ne parle pas aux étrangers ! Stupide, stupide et méchant ! Mais dire la vérité, décrire, expliquer, prévenir, la seule méthode, elle n'osa pas.
De quoi est coupable celui qui cherche dans le labyrinthe obscur ?
De se heurter aux murs ? D'errer ? De rencontrer le Minotaure ? D'être dévoré ?
A la fois victime et coupable. Meurtri et honteux.
Expiant des péchés qui sont déjà en eux-mêmes souffrance, expiation.
Ouvrez les yeux, dressez-vous sur vos pattes de derrière ! Le Mal est fait, il faut vivre avec.
Soyez des êtres humains non de pitoyables créatures nostalgiques du Paradis Perdu !

( Exhortation pour moi )

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Toutes les condamnations péremptoires des « conformes » à l'égard des « déviants » reflètent l'état de prisonniers dans lequel ils se trouvent : prisonniers de leurs complexes, de leur inconscience.
Libres, ils manifesteraient au moins un étonnement apitoyé, de la commisération, de la compassion pour ceux qui se sont trouvés une prison différente de la leur....

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La guerre, c'est ce que nous apprenons tous en premier.
Prenez la plus douce personne, une délicate, rêveuse jeune fille, grattez l'apparence, et vous découvrirez trop vite, sous la tendre enveloppe, un juge sans pitié capable, contre telle faute qu'elle a cru voir commettre, tel manquement involontaire, telle erreur fortuite, de condamner sans appel, et de coiffer, avec un zèle féroce, la cagoule du bourreau.
Le crime n'existe en vérité que dans son imagination, elle met, pour le venger, toute la passion ( ah, oui, dévorante ! ) dont est capable sa farouche jeune âme !
( Guerre sur la terre aux hommes de mauvaise volonté ! )

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