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Il n'y a pas de Dieu courroucé, il n'y a que des lois naturelles inviolables.
Je ne vous dis pas là que je ne crois pas en Dieu mais qu'Il est plus grand que n'importe lequel des juges divins les plus terrifiants trouvés dans les religions.

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Dire : «Dieu existe», c'est dire ce que l'on a envie de dire; « Il n'existe pas», c'est ce que l'on pense. Qu'en est-il en réalité ? Et même la question se pose-t-elle pour de vrai, existe-t-elle pour de bon, là-haut dans l'infini des sphères ?

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Il doit y avoir en moi du boeuf, de la vache, du ruminant, car je ne peux pas passer près d'une prairie après une averse... d'un champ, d'un terrain vague... sans ressentir une véritable jubilation aux parfums de l'herbe mouillée. Cette réalité-là, la pluie, l'herbe, le mystère des vies rampantes, contraintes, obstinées, annule pour moi toute allégeance à l'humanité. La ville, la société, n'ont plus de sens. Il ne reste que les vapeurs, les buées, les haleines, les Souffles, les Apparitions.

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Faut-il vraiment le dire ? Oui, bien sûr il le faut, tant est ancrée en tous l'idée que l'homme et la femme ont chacun en eux quelque chose de radicalement différent.
Non, il n'y a pas d'obstacle au rapprochement, à la communication entre homme et femme. Et il y a même un accès supplémentaire (!) par rapport à la relation h/h, f/f !

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Le «système» n'est pas plus dur aujourd'hui qu'autrefois, car la dureté est son essence même, mais il est devenu exclusif, il n'y a que lui, ce qui rend cette dureté, quand elle s'exerce, insupportable.
Le terme «marginal» n'a été inventé que depuis qu'il n'y a plus de marge.
Au XIXe siècle encore, les terrains communaux représentaient la part de vie libre, non exploitée, non organisée, la part divine n'appartenant à personne, la différence. L'homme était encore une créature à la fois sociale et naturelle.
Ces terrains furent accaparés, devinrent propriété privée, et, avec eux disparut la possibilité concrète de choix.
L'oppression mentale dont nous souffrons aujourd'hui est encore accrue dans les villes par l'imbécillité qui consiste à exploiter la moindre parcelle d'espace, à ne pas laisser de terrain vague. Et, quant aux jardins, aux parcs intra-muros, ils sont tous enclos, barricadés de grilles, pratiquement interdits d'accès, ce qui supprime le bénéfice psychologique qu'ils devraient normalement procurer. Ces «poumons verts» sont enfermés dans du métal !
Et nous disons que nous sommes intelligents.

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Le «système» est en réalité vide, vacuité, néant. Il n'existe pas. Il est le consensus mou, l'accord tacite; il est l'absence entre les hommes, le rien qu'aucune humanité, aucune présence, ne vient combler. C'est cette zone d'indifférence, cette neutralité, qui est le mal, car, pour la victime, rien ne justifie ce qui se passe. Elle est abandonnée, exclue, non parce que quelqu'un l'a décidé, mais parce que personne n'a décidé le contraire, n'a jugé nécessaire ou utile d'intervenir.
«Ce n'est pas mon travail, ce ne sont pas mes affaires, cela ne me regarde pas».
Qui condamne ? Personne. Les choses suivent leur cours. Il faut énormément de malheur, de misère, pour oser modifier le statu quo, refuser le régime établi. Qui, libéré de toute une éducation répressive, mutilante, peut se le permettre seul ? Quel saint ou quel artiste, quelle âme vivante ?
Il ne suffit pas d'être bon, il faut vouloir l'être, comprendre et anticiper.

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Les enfants se mêlent de tout à juste titre, parce qu'ils ignorent les règles de société, les usages, les interdits. Mais, en les leur apprenant, en les leur inculquant (c'est-à-dire en les leur imposant de force sans les leur expliquer) on détruit ce qui, plus tard, à l'âge adulte, permet l'initiative, l'exercice actif du bien, l'entraide, la solidarité.
On les décourage peu à peu d'intervenir personnellement dans les rouages indifférents de ce qu'on appelle le «système» qui n'est rien d'autre justement que l'absence d'intervention, d'interprétation, individuelle.

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Chaque fois que le système prend pour toi une forme quelconque, une apparence, et suscite en toi une rébellion, une révolte, tu es dans l'erreur. Et tandis que tu luttes contre ce que tu crois être lui, tu le sers. Il n'est rien, tu l'inventes. On ne lutte pas contre le néant.

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Il y a soit la fraternité (amour, amitié...), soit rien. Savoir que le rien n'est que cela, et non pas le mythe d'une société, d'une civilisation, d'une culture -rien d'autre que rien- c'est se donner l'occasion d'entrer pour de bon dans la réalité.

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Au moins, la matière inerte n'est pas mauvaise.

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Comment aujourd'hui être cadre moyen, supérieur, au contact des ouvriers, des employés, dans une entreprise de type traditionnel, sans perdre sa santé morale, mentale, et/ou physique ? Car, la première et non la moindre des contradictions, (dans une démocratie qui reconnaît l'égalité fondamentale de tous, c'est-à-dire une certaine identité commune), consiste, pour celui que sa fonction crédite d'une certaine intelligence, à nier -comme un imbécile- que ceux qu'il dirige soient exactement semblables à lui. Leur travail, bien que dénué d'intérêt, mal payé, leur sort injuste, doivent être considérés par lui comme acceptables, justifiés, mensonge qu'il paie forcément par la destruction de son sens moral, ou par un refoulement intellectuel, préjudiciables inéluctablement pour sa santé physique.
La gêne ressentie, qui se traduit par un manque d'assurance, une froideur, affecte encore davantage la qualité des relations humaines que cet individu est censé organiser.
Contradictions internes, crise de société, la violence naît aussi de ces problèmes. Nous ne pouvons plus aujourd'hui travailler dans des structures hiérarchiques de type classique sans nier les prétentions culturelles qui sont les nôtres.
En France, où l'on continue à se comporter comme si les différences de classe correspondaient à des différences de nature, il faut autoriser le décloisonnement de la société, rendre perméables les strates hiérarchiques, envisager que l'intelligence n'est pas l'apanage des nantis, et oublier enfin nos nostalgies d'Ancien Régime.

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Il n'y a pas de dieu vulgaire, de dieu querelleur : il y a l'infini consolateur et l'éternité !

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Conférer que les aranéides possèdent quatre paires de pattes ne change rien au destin de l'araignée. (Mes proverbes).

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Allez savoir ce que pourrait être un homme s'il n'avait pas à s' « adapter » aux autres. Original, créateur, libre, autant qu'on peut le rêver.
Cette « nature », qui trouve rarement à s'exprimer, nous avons justement l'obligation, quelles que soient les conditions, de la préserver.

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Où je nage, mon eau…

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Ce qui me ravit réellement dans le spectacle de la Nature c'est que nos lois n'y ont pas cours et que celles qui s'exercent -regardez par exemple comment s'étagent et se bouleversent sous l'action du vent les nuages dans le ciel : transformations incessantes et constante harmonie- me consolent et me guérissent ( me font oublier) de la tristesse et de la relativité des nôtres.

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J'ai étudié un peu l'Histoire Ancienne parce que j'aurais désiré vivre à une époque moins affairée, moins matérialiste que celle-ci… Je n'affirme pas que les hommes d'autrefois se montraient moins indignes de leur destin mais on peut imaginer une vie plus noble, plus authentique -le jour plus lumineux, l'espérance plus vigoureuse- autrefois qu'aujourd'hui…
Quel péché dévorant nous interdit de croire aujourd'hui que Dieu peut se manifester ?
Dans la Nature vivante d'autrefois, peuplée d'innombrables divinités, une profondeur, sans doute un sens, organisaient la vie humaine, la soutenaient.

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Il me semble que la fange n'est pas là où on la situe, ( par exemple dans les sex-shops qui ne sont que des repaires d'enfants attardés où les plus réprouvés pourraient bien n'être que les plus candides ), mais partout où, comme dans les « hautes sphères », quand, sous couvert de raison, dont la pire est d'état, se commet le plus prolifique en crimes des péchés : le déni de la bonne volonté.

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Non, les vases ne sont pas vides sur l'autel aux mânes des poètes.

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On ne peut pas faire le mal, pas même le méchant.
On peut propager le mal, on peut être méchant.
Mais dans tous les cas le mal préexiste : c'est une donnée ontologique.

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Tous ces drames qui n'en sont pas vraiment, mais qui finissent pourtant dans la folie, le crime, et la mort, simplement parce que nous n'osons pas regarder la réalité en face.

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La morale, une morale naturelle, induite logiquement de la connaissance innée du Bien et du Mal, qui nous distingue des animaux, qui fait de nous ce que nous sommes bien davantage que notre degré supérieur d'intelligence, dans ses applications correctes ou déviantes, plus souvent déviantes mais ne reflétant toujours que notre naïveté, est inextricablement impliquée dans notre personnalité.
En clair nous ne sommes finalement que ce que nous permet d'être notre conception personnelle de ce qui est bien et mal, en attendant, pour quelques-uns, de comprendre cette dualité et de s'en affranchir.
(Cela va sans dire).

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Les lois humaines ne sont faites que pour maintenir celles de Dieu. C'est la hiérarchie des commandements, leur degré d'importance, qui autorise les lois « mauvaises », opposées à la nature, comme par exemple, la propriété, utile seulement pour organiser un ordre garantissant la paix qui est le degré supérieur. Comme dans la parabole où le Christ prononce que « le sabbat est fait pour l'homme et non l'homme pour le sabbat », chaque conflit devrait fournir l'occasion de redéfinir la priorité véritable et non de rappeler encore et toujours des droits uniquement formels. La bonne volonté définie dans le divin: « Paix sur la terre aux hommes de bonne volonté ! » n'est rien de plus que la capacité à renoncer à ce dont on connaît parfaitement la valeur et le profit relatifs.

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...la nature du livre qui est provocation à penser et à vivre.
Rapport Cordier

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J'en ai fait plus que n'importe qui. Je suis tombé malade, et, lorsque j'aurais dû m'estimer guéri, je ne l'ai pas pu à cause du mensonge dans lequel j'avais été élevé et dont le mystère continuait à me torturer. C'est ainsi que je me suis enfoncé dans la culpabilité, refoulant mes goûts, mes envies, dans l'espoir de trouver ailleurs, plus loin, la réponse. Chienne de vie, sur ma tête !

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Se soumettre n'est pas nécessaire, mais traverser les espaces découverts en cachant prudemment dans un sac ses bannières, ses oriflammes.

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L'être plein de force, de vigueur, le beau jeune homme, ( c'est moi, lecteur ), qui marchait sur la plage de Bathsheba, est-il mort ?

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«Nous mourrons tous ! »
« Tu ne peux pas mourir, puisque je t'aime ! »

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Il y a une telle beauté dans la nature, et, dans cette beauté, à ce qu'il me semble depuis l'enfance, une telle évidence d'une volonté, d'un projet, que je ne peux pas imaginer qu'on ne puisse ni ne veuille comprendre et participer.
Quant à l'idée que l'homme ne doive présenter que son approbation dans la logique de ce système, je ne vois pas pourquoi celle-ci serait par le fait sans valeur ? Si nous pouvons dire non quand c'est oui, dire oui est évidemment la vraie grandeur.

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Contrairement à ce que l'on pourrait imaginer si, débarqué d'une autre planète, on s'instruisait en écoutant les conversations courantes, l'homme et la femme ne sont pas deux espèces séparées.

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La chair, carne, la chair abominable, la viande, la barbaque, n'est pas mauvaise.

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... téléfilms, souvent allemands, qui mettent en scène des bellâtres veules confondus dans leurs turpitudes par le héros de la série, justicier « ordinaire » et alcoolique -revanche des laids- dont on veut se refuser à croire ( parce que l'on a tous un père, un oncle, une soeur, qui lui ressemble ... ) qu'il abrite, dans la réalité, le type accompli du criminel.
La beauté, pas toujours injuste, existe bel et bien.

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...l'avaleur, dûment, de rillettes.

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Aucun système politique, fût-il parfait, ne peut constituer un asile pour un individu réalisé.

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Durant un court instant, à peine le temps d'en reconnaître l'origine... la dévotion pour ma mère... j'ai senti dans mon estomac, lourd comme une pierre, dur, ce chagrin d'enfant vieux de cinquante années, vieux de toute ma vie, qui, fragmenté, enfin brisé, a inopinément disparu.

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Comme si nous n'avions pas tous lorsque nous parlons
vous et moi
d'identiques racines
les souvenirs de la vie lointaine ancestrale
la première et vertueuse attention aux accomplissements de la terre
froissements de feuilles tombées
résonance de l'humus
écho d'un passage de harde
irrécusable référence plus importante que l'actuel présent
qui fait que ce que nous disons
précis versatile

demeure à jamais secondaire...

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La nature toute entière n'est-elle pas évidemment célébration de celui qui est fait de poussière ? Tout lui est accordé, comme une extase. Tout lui chante la douleur disparue dans la reconnaissance de son propre néant.

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De l'esprit des lois...
De la même manière qu'on devrait affranchir symboliquement la Nature du diktat humain afin de garantir le bénéfice psychologique qu'elle peut procurer dans les villes : abattre les grilles autour des jardins publics... ne faudrait-il pas aussi supprimer toute perception qui, dans son principe, s'adresse à l'individu naturel, et non pas à l'individu social, seul apte logiquement à contribuer à la société ? Par exemple, les impôts locaux qui sanctionnent un besoin ne ressortissant que de la nature et non de la société. Se loger n'exprime absolument pas la volonté de participer à la vie de la cité, particulièrement de nos jours où aucun choix alternatif n'est possible.
D'une façon générale revoir les dispositions qui introduisent une confusion entre nature et société, ce qui, dans la laïcité obligatoire actuelle, revient à contrecarrer, à nier, les aspirations spirituelles (je n'ai pas dit "religieuses") de la personne humaine.

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On peut certes rencontrer le plaisir sexuel prématurément et être happé par la débauche, jusqu'à éprouver un tel dégoût de soi-même que l'instinct de conservation lui-même peut s'en trouver un jour affecté. Mais, en tenant bon (aide, chance), on finit par comprendre qu'il n'y a pas de honte à avoir, que quiconque dans la même situation eût agi de façon semblable. On s'en sort.

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La seule façon de demeurer intact dans la complexité du monde humain où la règle est de mourir à Dieu (perdre son âme) pour survivre, consiste à identifier avec précision la nature et la société confondues, emmêlées, amalgamées inextricablement, soi-disant pour préserver, mais rarement, des intérêts inutiles. ( Car cette confusion est bien l'oeuvre du Diable. )
Seul celui qui est capable de reconnaître sans erreur tout ce qui est légitime dans ses intentions, capable de rendre à César ce qui lui appartient, et de donner le reste à Dieu, existe, dépossédé, un peu.

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Enivré de ta vie et du soleil Radieux et pur comme un ange J'ai mordu dans le fruit juteux de ta beauté Comme un assoiffé boit à une source dans le désert Délivré de la morale apprise, inventée, d'un faux dieu.

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Je prends mon premier café bien noir, bien serré, venin d'aspic, densité de pierre -le fondement, le bloc- pour sceller aujourd'hui toute espérance dans cette assise. Le noir drapeau de la solitude en prison.

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Pourquoi voulez-vous m'imposer vos coutumes, vos lois, vos idées toutes faites, quand les miennes, pourtant infiniment supérieures en intelligence, vous demeurent lettre morte ?
La réponse est contenue dans la question.

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Les paysans turcs édifient dans leurs champs de hautes plates-formes sur pilotis, où ils se reposent en été avec leur famille, femmes dans leurs improbables robes fleuries, enfants sauvages, déguenillés, paisiblement groupés dans les airs, et le souvenir de ces étranges et fragiles refuges aériens, presque irréels, ponctuant ça et là les monotones étendues brûlées, me procure, je ne sais pourquoi, une émotion d'une douceur presque douloureuse.
Au soir, plus extraordinaires encore, les silhouettes de ces insectes géants aux chefs animés, noires, se découpent sur le ciel fabuleux, sang et or, du couchant.

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