Carnets carnet 1 CARNET 2




Si je ne m’abuse, Nietszche a énoncé en quelques mots ce qui constitue, avant la réalisation personnelle décrite par Jung, le drame de l’existence humaine : «mauvaise conscience, ressentiment, ascèse». Cet automatisme, qui sanctionne en fait notre connaissance innée du bien et du mal, peut avoir la catastrophique conséquence suivante : nous résignons notre émerveillement devant la nature quand nous en possédons l’explication scientifique (qui n’est le plus souvent qu’une description attentive), comme si celle-ci, en tant que nouvel élément, réfutait, condamnait, notre sensibilité préalable. Mais, savoir que le délicat papillon éblouissant est un simple insecte qui a été lui-même précédé par une larve sans attrait ne doit certainement pas diminuer notre admiration. Et même nous devrions étendre le sentiment que nous éprouvons à la larve elle-même et à tout ce qui contribue à produire la magnificence spectaculaire, oeuvres souterraines, obscures, réprouvées. Car rien ne doit diminuer notre pouvoir d’aimer qui est l’unique source de progrès.17/05/98

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Supposez qu’un mec comme Blaise Pascal (pas vraiment lui bien entendu mais ce que vous croyez qu’il était) vous explique que son grand-père maternel a tué sa femme devant sa fille avant de se suicider en prison. La fille resta dépressive durant des années, et éleva son garçon en lui mentant jour après jour au sujet de la mort de ses parents. Le garçon se souvient aussi qu'à cinq ans, dans le minuscule appartement de ses parents, il entendait sa mère se plaindre des assauts sexuels de son mari...irez-vous lui dire que son mysticisme est le produit de ses refoulements ? Mettrez-vous dans le même sac ses «Pensées» et cet aveu, le tout à la poubelle ?

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Sous le front, là où la bataille fait rage...

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De quelle espèce de poussière suis-je fait ? alluvions d’un fleuve, boue aurifère, pollen, élytres desséchés ?

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Quoique ses formes soient globalement régies par la société, le travail est voulu par Dieu. Se conformer à cet ordre n’est pas une adhésion au système, comme le croient quelquefois ceux que la saloperie humaine fait souffrir et qui finissent par tout rejeter en bloc en se sacrifiant eux-mêmes, artistes ratés, clochards.

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Personne ne peut changer ce qui est. Le monde entier serait-il d’un avis contraire, si tu n’es pas coupable tu n’es pas coupable. Aucune véritable gloire n’est usurpée durablement. Aucun profit illicite jamais consommé.

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Quand le cosmos tout entier, la nuit poignardée d’étoiles, sont amarrés à un faubourg de Buenos-Aires, par le bandonéon de Piazzolla...
Vas-y de tes flux verts
Toi qui es comme la mer
Tango dit argentin, latino-américain...

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A certaines heures, vivre pourrait se comparer à la conduite d’un quadrige romain, composé d’un bel attelage de quatre fiers coursiers, à cette nuance près : il n’y a pas de char et encore moins de conducteur tenant les rênes.

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Chaque être a un destin et ce destin c’est la réalisation de soi, la réalisation personnelle, l’individuation. Pour moi, il est clair qu’il consiste à poursuivre jusqu’au bout ce qui a commencé à l’âge d’un an, lorsque j’ai rencontré le Mal.

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L’obscène c’est l’érotique que nous ne pouvons pas supporter.

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Seul, dehors. Il est tout-à-fait naturel de n’éprouver aucun désir centrifuge, de ne sentir aucune envie de possession. Car ce monde n’est à personne.

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Pourquoi ne suis-je pas toujours là-bas sous l’olivier planté en terre crétoise, allongé dans un sillon sous le ciel bleu...

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«souffrance des artistes consumés par la flamme créatrice dans un monde peuplé de dormeurs où la vie n’est le plus souvent qu’une «préface à la mort»» . Viviane Forrester

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Il y a des créatures ailées qui volent, on les appelle des oiseaux. Ecoutez-moi bien, braves gens ! Ils occupent le ciel, ils s’y affairent, vont, viennent, circulent, manifestement capables de volonté, d’intentions, d’échanges. Auparavant je ne les voyais pas. Je ne voyais pas cette vie intense, bruyante, nombreuse, partout au-dessus et autour de moi. Et maintenant, je la remarque sans cesse; elle est présente, comme si un monde supplémentaire était venu s’ajouter au monde habituel; je vois et comprends sans effort la volonté, les intentions, les échanges, et c’est merveilleux. dimanche 5 juillet 1998

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Le discours de J.J.Rousseau est hermétique à tous ceux qui s’identifient plus à leur ego, à leur volonté, leur culture, qu’au moi primordial. S’ils peuvent le faire c’est qu’ils ne nourrissent pas de culpabilité gênante, ou qu’ils l’ont acceptée ! « L’homme est mauvais » peut être prononcé de deux manières différentes : soit celui qui parle s’inclut, soit il s’exclut de son jugement. Dans le premier cas, cette prétendue lucidité devient une excuse pour commettre des fautes; dans le second elle justifie le rôle de chef. J’ai connu quelqu’un dans le deuxième cas qui s’expliquait de la sorte l’utilité des lois, sans voir que celles-ci, puisqu'humaines, ne peuvent donc qu’entériner le «mal» en question. Répétons-le encore : c’est la société qui rend l’homme mauvais. Et n’échappent au mal que ceux capables de voir d’icelle l'utilité relative.

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Cinquante-quatre années pour comprendre que aimer et comprendre ne sont pas une seule et même chose chez les humains.

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L’immoralité se développe dans la non-compréhension du monde. Fils de son temps = esclave.

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Tout va bien chez les anges.

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(Se laisser glisser sur l’irréel puis entendre la voix de Dieu.)

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La réalité humaine qui est à l’œuvre dans la tradition artistique depuis des siècles peut, évidemment, être niée dans un acte de révolte, de rébellion, mais la nouvelle «école» ainsi créée ne peut exister durablement sans revenir, riche peut-être de quelques découvertes ponctuelles, à ce dont elle procède forcément malgré tout elle-aussi.
Ces accès de fièvre, cette «maladie» récurrente qui, certainement frappait autrefois aussi les individus dans leur recherche solitaire d’expression, mais qui restait secrète, cherche, depuis plusieurs décennies, à s’affirmer comme aussi valide que la tradition qu’elle menace et combat. A mon avis il s’agit là de l’orgueil infantile de notre époque «moderne» industrielle qui s’imagine en connaître davantage sur la réalité qu’auparavant. (Cependant, à l’approche du 21e siècle, nous commençons à percevoir les bornes infranchissables de l’équilibre écologique et à reconnaître enfin les lois qui ne sont pas celles que nous avons instituées. Que nous ayons pu les oublier prouve que nous sommes bien, comme le dit quelque part Rousseau, enclins à l’ imbécillité... )
C’est ainsi qu’on peut actuellement tracer deux courants traditionnels parallèles, celui de la conformité et celui de la rébellion. Mais conformité ne signifie pas «académisme» et les artistes capables de conserver ce qu’il y a d’impérissable dans la tradition peuvent être novateurs, comme par exemple, Francis Bacon. Ils s’opposent aux «ingénieurs», aux «expérimentateurs» dont les découvertes se situent par la force des choses sur le plan technique. En effet on ne peut pas inventer une nouvelle âme à l’humanité pour la simple raison qu’elle n’en a pas deux et que l’unique est depuis longtemps connue. Quiconque s’imagine découvrir autre chose que ce que Apelle exploitait, poursuit un leurre.
Cette catégorie, depuis Marcel Duchamp, a proliféré.
Recherches techniques, recherches formelles, et orgueil démesuré.
Qu’en reste-t-il quelques décennies plus tard, comme, à titre d’exemple, de Pollock? Une singularité historique, une signification anecdotique.
Où est le dialogue métaphysique, spirituel, avec celui qui regarde? Nulle part car cet art se pose comme une fin en soi.
Il n’a pas compris que sa grandeur paradoxale est de n’être qu’un moyen mais le seul d’exprimer ici-bas ce qui défie toute expression.

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La Nature exprime Dieu, tout le monde le sait. (Toi, l’esprit fort qui t’apprêtes à me contredire, je t’emmerde!) Mais savez-vous ce que cela veut dire au quotidien? Redevenir comme les anciens Egyptiens: adorer, par exemple, les chats, dont le naturel et la liberté confinent au sublime, (et que tu ne vois pas!) Tenir conversation en famille devant les arbres des forêts, arbitres du monde.
(Moi, j’ai pleuré pour mon Jésus, mon chat, mort en dépit de la Grâce, ce que nous, les hommes, ne comprenons pas.)
Nature, Mère Nourricière, Grand Livre!

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Nous ne pouvons pas vivre comme si rien n’avait de sens, ou plutôt comme si les seuls paramètres de l’existence étaient économiques. Que le travail constitue la majeure partie de notre temps, soit, mais alors

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«Le rêve de tous les poètes authentiques a été de rendre à l'homme un contact primitif avec le monde. Plus l'humanité se soumet -pour comprendre, agir et vivre- à l'image rationnelle du monde, plus la poésie est cet effort pour rétablir entre le monde et l'homme un contact aussi intuitif, aussi frais, aussi direct que possible.» Mounin.

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Nous avons peur de nos pouvoirs perdus, de nos mains coupées...

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......J’ai fait le rêve d’accorder Dieu, le monde, et moi, pour ne former qu’un, dans une parfaite harmonie.
C’est le rêve que nous formons tous, enfants, sur la base d’une erreur, et auquel la plupart d’entre nous renonce complètement.
D’autres, moins nombreux, en gardent la nostalgie permanente.
Un petit nombre l’accomplit en en comprenant le sens véritable.
Quant à moi, j'ai trouvé le moyen de le faire non pas une fois mais deux ! 03/12/98/

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Il me semble que le tableau brossé par les écrivains, à chaque époque, de la condition humaine, reflète davantage l’état de la société que celui de l’âme humaine proprement dite.
En effet c’est ce qui s’impose socialement comme primordial qui est tenu pour réel plutôt que la vérité elle-même. Ainsi, aujourd’hui, il n’y a de plausible que le désespoir car nous ne rendons compte, en démocratie, que de la foule, du plus grand nombre, donc de personnes malheureusement inaccomplies, au contraire d’ Homère, par exemple, qui, à son époque, ne voyait que des héros, en ne regardant que ceux qui était tenus alors pour importants, les chefs, les guerriers d’exception.
Qu’en est-il en vérité de l’âme humaine, hors de ces déterminations sans valeur ? Qu’en est-il du véritable destin humain, du potentiel de cette espèce particulière ?
Quel est le vrai bonheur, quelle est notre vraie vocation ?
Les philosophes, et encore moins les mystiques, n’écrivent de romans qui dépeindraient pareilles histoires. Les philosophes adorent brouiller les cartes, les mystiques y mettre le feu, sachant tous que le problème n’est pas de se faire une image de soi.
Le roman n’est pas, à mes yeux aussi, le genre le meilleur.

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Si un seul individu peut comprendre que le bonheur n’existe pas et découvrir dans cet abandon, ce renoncement, quelque chose qui, resurgi, se met soudain à ressembler au bonheur plus que tout ce qu’il désira jamais, on peut bien espérer qu’un jour l’humanité aussi dans son ensemble le comprendra. On peut l’espérer, oui, sinon le croire...

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A exigences inégales, jugements différents. Il est bien évident que celui qui possède une aspiration entière, un besoin d’accomplissement véritable, ne peut pas se contenter des qualités moyennes (fausses) de la plupart d’entre nous. Mais comme n’importe qui il doit accepter la réalité et

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Comme je voudrais que tu reviennes, Petite-Lune, grandie, immense, inévitable, mon manteau de lumière...

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