Lignage


Le passé confère à ce qui nous entoure -je veux parler du monde physique : le rocher, la dune, l'espace inscrit dans le paysage- une valeur supplémentaire qui n'est pas sans analogie avec la patine des objets précieux, un lustre, une qualité, qui doit nous rendre ce monde baigné de larmes, de sang, cher comme un être aimé.
Ici ont vécu -aimé, souffert, travaillé- puis ont été anéanties des générations d'hommes les plus divers, comme les Grecs et les Romains de l'Antiquité, mais aussi les Etrusques, les Celtes, les Arabes...
Des armées -hoplites casqués aux yeux creux- les Barbares, fantassins, cavaliers, cornacs, et des légions pacifiques d'artisans, de marchands, d' humbles paysans, disparus les uns après les autres, fantômes... vivaient dans ces paysages où nous nous trouvons nous-mêmes aujourd'hui.
Quelquefois il m'arrive de voir ces parents d'un autre âge, d'une autre culture, debout dans ces collines qui furent les leurs, devant ce fleuve qui coula pour eux, ou sur ce promontoire qui comme aujourd'hui dominait la mer, et de confondre alors dans le même amour la terre et leur mémoire.




Age d'or
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Le messager