Enfant des étoiles





Tous ceux qui, enfants aux coeurs purs, ont reconnu comme moi par une étincelante et fatidique nuit d'été la voûte étoilée, n'oublient jamais : le Grand Chariot-la Grande Ourse, les astres bleus, les anneaux d'or de Saturne, le mouvement gravitationnel, la Révolution Perpétuelle, la sphère des Nombres, le Temps Immobile. Là-haut tout se transforme dans un équilibre majestueux, tout change et tout demeure, tout est compris avant d’être prononcé.
Quand ils lèvent les yeux au ciel ils voient Pégase. Ailleurs ne leur fait pas peur ni demain. Instinctivement, ils se perçoivent dans l’univers. Gerbe de cristal enfoncée dans leur poitrine l'espace se déploie en eux comme hors d'eux.

Je me souviens parfaitement d'une époque, ( j'avais cinq ans ), quand la contemplation de la voûte étoilée -le somptueux ciel d'août étincelant de myriades d'étoiles, diamants sertis dans le noir Inconnu- les planètes, la Voie Lactée, les étoiles filantes -en un mot l’univers- loin de m'inspirer la moindre crainte, la plus petite angoisse métaphysique ou quelque sentiment de l'"absurde" cher à nos philosophes "modernes", m'emplit au contraire d'une formidable jubilation, car, saisissant parfaitement la disproportion entre la grandeur illimitée de l'espace et ma petitesse, je compris ce que plus tard on m'expliqua être les concepts de microcosme et de macrocosme, c'est-à-dire que j'étais -moi, ciron- tout l'univers, et que l'univers était moi.
Peut-on craindre la Vérité quand on a senti l'empathie entre soi et les étoiles, entre les étoiles et soi ?




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Laocoon